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Cette page présentera comment créer et utiliser une piste d'accompagnement (backingtrack ) avec des logiciels libres (disponibles par exemple dans la distribution LibraZiK). Plusieurs solutions de mise en œuvre sont proposées, d'un niveau de complexité croissant.
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Piratebab le 27-03-2021
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Table des matières
Qu'est ce qu'une piste d'accompagnement ?
Une piste d'accompagnement (backingtrack ) est utilisée par un musicien, ou un groupe de musiciens pour ajouter du son à une prestation live.
Une partie du son entendu par le public est jouée par les musiciens, l'autre provient de sons pré-enregistrés, la fameuse piste d'accompagnement.
Nous pouvons l'utiliser par exemple :
- lorsqu'un musicien est absent (sa partie est remplacée par quelque chose d'enregistré),
- pour ajouter des sons non issus d'un instrument (explosion, carillon, chant d'oiseaux, ...),
- pour donner l'impression qu'il y a plus de monde sur scène (piste pour remplacer des choristes par exemple).
- ce qu'entendent les musiciens,
- ce qu'entend le public.
Créer sa piste d'accompagnement
Je prendrais comme exemple la création à l'aide du logiciel Ardour 6.
Notez qu'il n'y a pas qu'une seule façon de faire, je vais vous décrire la façon la plus fréquemment décrite, et que j’utilise.
Commencez par créer une session vierge dans Ardour.
La piste de référence
Cette piste n'est pas obligatoire, mais est d'une grande aide pour la suite.
Créez une nouvelle piste contenant l'intégralité du morceau (avec tout les instruments). Cette piste ne sera pas utilisée dans le rendu final, elle servira de référence pour toutes les autres.
Prenez soin de ne pas la caler tout à gauche, laissez environ 6 mesures vides au début. Cela permettra aux musiciens de ne pas se laisser surprendre par le début du morceau, j'y reviendrais.
Caler la grille de temps sur la piste de référence
C'est la partie la plus pénible si la piste de référence est enregistrée avec un tempo fluctuant.
Se référer à la documentation officielle d'Ardour concernant le temps et le tempo : time and tempo .
Quelques astuces pratiques :
- affichez la grille à la noire,
- sur la région qui vous sert de référence visuelle pour caler le tempo, clic droit -> Gain -> décochez "opaque",
- commencez par poser des marqueurs de changement de tempo au début de la musique, à chaque changement (couplet, refrain, solo,...) et à la fin,
- ajoutez-en des intermédiaires afin de ne pas dépasser 16 mesures sans calage de tempo,
- positionnez la souris sur la ligne mesure temps, juste à gauche d'un marqueur de changement de tempo,
- MAJ + clic gauche souris, et déplacez-vous à gauche ou à droite pour caler la grille sur la musique,
- renouvelez l'opération précédente pour chaque intervalle.
Vous pouvez choisir de faire le contraire, c'est à dire recaler la piste sur la grille, voir : Rythm Ferret .
Marquer les parties du morceaux
Ceci n'est pas non plus obligatoire, mais bien pratique.
Nous allons repérer visuellement l'intro, les couplets, les refrains, les solos,... à l'aide des "repères de position" (Location Markers ) d'Ardour, voir : la documentation d'Ardour .
La piste métronome
Cette piste de métronome (click ) est fondamentale, elle sert à caler temporellement les musiciens. Elle ne sera évidemment pas audible du public. Je vous conseille de marquer le premier temps (Tic-tac-tac-tac), et de la faire démarrer dès la première mesure de la grille (rappelez-vous que le morceau ne démarrera qu'à la sixième mesure), et devra bien évidement être parfaitement calée sur la grille de temps d'Ardour.
Il y a plusieurs façons de faire.
Solution 1 :
- commençons par créer une nouvelle piste audio,
- récupérez un fichier audio contenant juste le son "Tic", et mettons-le sur le premier temps de la première mesure,
- prenez le fichier avec le son "tac", et mettons-le sur les temps 2, 3, et 4,
- sélectionnez ces 4 micro-régions, puis dans le menu région -> édition -> joindre, vous n'en faites plus qu'une seule. Vous pouvez ensuite la dupliquer autant de fois qu'il y a de mesures jusqu’à la fin du morceau
Solution 2 :
- commencez par créer une nouvelle piste MIDI,
- mettez des notes percussives: piste → type de note → percussive,
- supprimez l'instrument par défaut, mettez le synthé calf : nouveau greffon → instrument calf fluidsynth,
- ouvrez Calf fluidsynth , choisissez une banque de son , puis l'instrument (par exemple woodbrass),
- créez une nouvelle région d'une largeur 1 mesure,
- * sur le nom de la région , clic droit -> Gain -> décochez "opaque". C'est plus pratique pour caler les notes,
- passez en mode édition, et posez vos 4 notes sur les temps (par exemple Tic = Si4, Tac = Sol4),
- clic droit sur en tête région -> Dupliquer -> multi-dupliquer. Choisissez le nombre de mesures a créer (ne dépassez pas 30 d'un coup, risque de bug pour aligner),
- Région → MIDI → délier des autres copies,
- Région → position → aimanter la position à la grille.
Pour vérifier que tout va bien, activez le métronome d'Ardour, mettez votre piste de métronome en solo, et lancez la lecture . Tout doit être synchro.
La piste de marqueurs
Dans cette piste de marqueurs (cues ) audible uniquement par les musiciens, vous allez donner vocalement des indications. Soit vous enregistrez vous-même votre voix, soit vous récupérez des échantillons sur le net.
Par exemple, en début de morceau, vous allez enregistrer "début dans 1--3-1-2-3-4" et la première note arrive. Idem en début de solo, en début de refrain. C'est à cette étape que les marqueurs visuels ajoutés au début vont vous être très utiles.
Les pistes sonores
Après ce long travail de préparation, nous allons nous attaquer enfin à ce que le public va entendre.
Ces pistes doivent évidement être parfaitement synchronisées avec la grille d'Ardour. Vous avez plusieurs possibilités, par exemple :
- vous récupérez sur internet un ensemble de pistes synchronisées avec votre piste de référence (sur des sites de karaoké par exemple),
- vous récupérez sur internet une piste MIDI qui se calera automatiquement sur la grille,
- vous les extrayez de votre piste de référence avec Spleeter,
- les musiciens s’enregistrent séparément dans Ardour en activant le métronome,
- vous l'enregistrez dans Ardour dans une piste MIDI et un instrument virtuel.
Utilisez une piste d'accompagnement
Solution n°1 : simple et pas cher
Dans Ardour:
- Vous silencez la piste de référence, les pistes des musiciens présents ce jour là (ils vont jouer en direct, pas besoin de leur remplaçant électronique).
- Vous envoyez tout à gauche de la stéréo les pistes de métronome et de marqueurs sonores.
- Vous envoyez tout à droite de la stéréo les pistes de musique.
- Vous exportez uniquement le bus master en stéréo.
- vous normalisez la piste à -20 dB LUFS. Vous pouvez le faire avec le logiciel Audacity. Sélectionnez la piste
> effet> Normalisation de l'amplitude. - Vous mettez ensuite le fichier obtenu sur votre téléphone ou votre tablette, puis dans la liste de lecture de votre lecteur de musique favori.
Il vous faut un câble stéréo jack côté téléphone, et 2 X mono à rentrer dans 2 voies mono de votre table de mixage. Sur une des voies, vous avez la stéréo gauche avec le métronome et les marqueurs sonores pour les retours musiciens, et sur l'autre voie la piste droite avec les sons destinés au public. Petit rappel technique : si vous devez acheminer le signal sur une longue distance, utilisez un boîtier de direct (DI).
Solution n°2 : avec un ordi portable et ecasound
Nous allons utiliser le logiciel ecasound.
Dans Ardour, 2 possibilités :
- si les pistes sont en stéréo :
- il est inutile de mettre les pistes de métronome et de marqueur vocal tout à gauche, et le reste tout à droite,
- la piste de référence est mise en sourdine, comme précédemment grâce à ecasound (option -epp),
- si les pistes sont en mono, procédez comme dans la solution 1.
Vous allez obtenir autant de fichiers audio qu'il y a de pistes.
Il faut maintenant jouer toutes ces pistes simultanément, de façon synchronisée, et c'est là que le logiciel ecasound intervient. C'est un lecteur audio sans affichage graphique, très puissant.
Nous allons créer un script bash pour jouer nos pistes.
#!/bin/bash # Récupération du chemin du répertoire contenant le script SCRIPT_DIR=$(dirname "$0") ecasound \ -a:1 -i "${SCRIPT_DIR}/drums.wav" -epp:100 \ -a:2 -i "${SCRIPT_DIR}/synth.wav" -epp:100\ -a:3 -i "${SCRIPT_DIR}/bass.wav" -epp:100\ -a:4 -i "${SCRIPT_DIR}/click.wav" -epp:0\ -a:5 -i "${SCRIPT_DIR}/cues.wav" -epp:0\ -a:all
Vous pouvez tester votre script en le lançant depuis un terminal. En cas de soucis vous pouvez ajouter
-o alsa
à la fin.J'ai mis comme exemple le cas où le claviériste, le batteur, et le bassiste ne sont pas là. Je vous conseille de préparer à l'avance plusieurs cas d’absences possibles (et nommez vos scripts de façon explicite) !
Pour lancer votre script avec une interface graphique, vous pouvez utiliser la documentation officielle de Linux Show Player - Cue :
- dans un terminal, lancez
linux-show-player
- choisissez le mode "cart",
- créez une "cue de commande", éditez la cue, et dans l'onglet "commande" rentrez la commande pour lancer le script bash ecasound correspondant,
- enregistrez votre session.
note
Si quelqu'un sait comment indiquer un chemin absolu pour indiquer la commande de lancement du script bash dans la cue de LiSP, cela simplifierai le lancement de Linux Show Player
Pour restituer le son à partir de l'ordi, procédez de la même chose que le cas précédent (câble split stéréo -> 2x mono et 2 entrées dans la table de mixage).
Solution n°3 : multi-retours scène
Continuons la montée en gamme, nous allons envoyer des retours personnalisés à chaque musicien (certains n’aiment pas le métronome, d’autres ne veulent pas les marqueurs sonores …).
Il va vous falloir une carte son qui accepte de recevoir des pistes via l’USB, et qui possèdent plusieurs sorties send pour les retours scène, par exemple la Behringer XR18.
Via ARDOUR
Dans Ardour, vous allez créer des sorties pour les retours : musiciens Piste -> ajouter une piste ou un bus -> bus de retourCes bus n’apparaissent pas dans la fenêtre éditeur, il faut passer en affichage console.
Les bus de retour vont apparaître à gauche du bus master. Attention, un seul bus à la fois est visible, utilisez les petites flèches pour les faire défiler.
Il faut maintenant affecter ces bus à des sorties de votre carte son. Faites apparaître la grille de routage (en bas de la tranche du bus, juste au-dessus de commentaires), et faites vos connexions avec votre carte son.
L’étape suivante consiste à router vos pistes vers ces bus de retours.
Allez par exemple sur la tranche de la piste métronome, clic droit juste en dessous du fader : nouveau départ de retour.
Et vous choisissez vers quel retour musicien envoyer la piste. Je vous conseille de mettre ce départ en pré-fader. Pour régler le niveau de cette piste dans le retour, cela ce fait dans la tranche de retour. Des chariots horizontaux sont apparus (1 par piste routée vers ce retour). Attention, par défaut les niveaux sont positionnés au minimum.
Via la table de mixage
Reprenez le cas ci-dessus, mais créez un bus de sortie par piste, que vous rentrerez dans autant d’entrées de la table de mixage.Votre table de mixage devra évidement avoir plusieurs sorties de retour musiciens.
L’avantage de cette solution est qu’elle permet d’envoyer du son stéréo vers le public, mais il vous faudra quelqu’un pour gérer tout ça. Petite astuce, enchaînez vos pistes dans une seule session d'Ardour, vous n’aurez plus qu’à faire lecture et stop.
Solution n°4 : pilotage tactile
Continuons vers une solution encore meilleure. Imaginez que vous pouvez lancer vos pistes depuis une tablette tactile accrochée sur un pied de micro ou un pied de cymbales. C'est possible avec Open Stage Control. Vous avez besoin d'un ordi qui va servir de serveur, et d'une tablette avec un navigateur web qui va vous permettre de lancer vos pistes.
Je ne l'ai pas encore mis en œuvre, si quelqu'un veux compléter...