Avant de commencer, un mot sur le Temps Réel (ou RT=Real-Time en anglais).

Il y a deux termes à ne pas confondre:

• Mode temps-réel pour les jack et les applications audio : étape obligatoire dès qu'on s'attaque à la mao avec jack,
• Noyau temps-réel : un noyau linux spécifique pour l'industrie aéronautique (et autres) et certains d'entre nous, nerds-musiciens.

Ces deux termes sont indépendants et l'un n'implique pas l'autre. Voir également la définition du temps réel dans le dictionnaire.

Mode temps-réel pour JACK

Pour fonctionner de manière optimale, Jack et les autres applications audio/MIDI temps-réel que vous utilisez ont besoin d'accéder de façon prioritaire à des ressources du système qui vous sont normalement "interdites" en tant que simple utilisateur.
La première étape pour avoir un système de mao fonctionnel est donc de configurer le mécanisme intégré à votre système qui gère les attributions de bytes et autres méga-hertz.
Ceci fait l'objet d'un tuto, commencez par là et revenez ensuite :

Configuration de JACK avec qJackCtl.

Le plus facile ensuite, c'est d'utiliser une interface graphique pour démarrer et bidouiller jack, c'est quand même plus sympa que le terminal ! 😉
Il existe une interface par defaut, c'est qJackCtl, il ressemble à ceci :



cliquez sur le (gros) bouton "réglages" ("setup"), et vérifiez que vos réglages correspondent à peu près exactement à l'image ci-dessous (vous les personnaliserez plus tard)



L'important, de haut en bas et de gauche à droite :
serveur :

• chemin du serveur = jackd
• pilote : alsa (ou "firewire" avec ffado)

paramètres :

• temps-réel = coché
• pas de verrouillage mémoire = dé-coché
• pilote MIDI = aucun
• priorité = 70
• échantillons par période = 512
• fréquence d'échantillonnage = 48000 (Hz)
• périodes par tampon = 3
• interface = hw:X
  le X est à remplacer par le numéro correspondant à la carte son que vous voulez utiliser
  hw:0 est la première carte son, souvent celle intégrée à la carte mère, hw:1 est la deuxième etc.
  Les numéros associés aux différentes cartes peuvent être trouvés grace à la commande cat /proc/asound/cards (dans un terminal)
• audio = duplex
• périphériques/canaux d'entrée/sortie = par defaut (sélection automatique efficace)

Ensuite cliquez sur "OK" puis dans la fenêtre principale, "Démarrer".
Si tout ce passe bien, vous verrez apparaître le symbole "RT" en jaune pâle dans la fenêtre de qJackCtl, entre "Démarré" (ou "Started" en anglais) et le taux d'utilisation du processeur.

Si à ce moment vous avez un problème, vous pouvez

• vérifier que vous n'avez pas sauté le paragraphe qui dit que les réglages RT du système c'est obligatoire hein, et que c'est par ici (mais que c'est pas forcément évident alors mieux vaut une relecture 😉),
• fermer toute application qui peut occuper la carte son : lecteur audio, navigateur internet, serveur son inopiné avant de relancer jack
  vous pouvez utiliser la commande ps ax pour lister les processus et essayer de traquer le coupable. La commande top aussi peut servir, ainsi que fuser -v /dev/snd/*
• enfin, ouvrir la fenêtre messages pour savoir d'où exactement vient ce problème, puis comparer les messages aux erreurs répertoriées, oui, jack te parle !
  le cas échéant, aller voir la description détaillée des réglages pour savoir quoi modifier sans danger.

Les réglages proposés plus hauts fonctionnent pour la plupart des couples cartes-son/ordinateur modernes (et compatibles), pour de plus vieux coucou il faudra peut être augmenter la latence (en jouant sur le nombre d'échantillons, périodes et la fréquence d'échantillonnage)
A l'inverse, une fois jack fonctionnel, vous pouvez vous amuser à abaisser la latence (30ms c'est déjà bien mieux qu'avec certains autres systèmes proprio connus, à partir de 10ms on ne sent plus la moindre différence).

Pour aller plus loin

Connecter les applications entre elles :

voir le tutoriel dédié :
QJackCtl : connecter des applications

Description détaillée des réglages

voir la page dédiée description détaillée des réglages.

Sans qjackctl

L'interface qjackctl est vraiment pratique, car dans sa fenêtre "messages" on peut y apercevoir la ligne de commande à utiliser dans terminal pour arriver au même résultat sans toutes ces boites :
jack se démarre avec la commande jackd, assortie des arguments à vérifier dans le manuel (man jackd, certains arguments changent en fonction de la version)
avec les réglages proposés plus haut, ca donne :

Noyau temps-réel

Dans un premier temps, vous pouvez rester avec le noyau que vous avez.
Mais faire fonctionner Jack en mode RT ne signifie pas pour autant que vous ayez un noyau "basse latence" : Jack fonctionne très bien en mode temps réel, sans que le noyau du système d'exploitation soit un noyau basse latence.
Pour une utilisation plus professionnelle et pour obtenir une latence encore plus basse, il vous faudra alors utiliser un noyau doté du module "realtime preemption".
Ces noyaux portent la particule 'rt' dans leur nom et sont aujourd'hui souvent inclus dans les distributions. Vous obtiendrez ainsi un vrai système temps réel. Sachez cependant que cela devrait être réservé aux utilisations plus poussées, car un système de ce type n'est pas forcément adapté à une utilisation bureautique classique (ce n'est pas un hasard si ce n'est pas le noyau installé par défaut !). Voir la page dédiée : noyau RT.